COREY FORREST - ELLE ?
Photo de Maaike Bernstrom @maaikephoto
Ma famille vit de la pêche maritime et commerciale depuis des centaines d'années, donc je suppose que c'est dans notre sang. Mais contrairement à mes frères qui semblaient enclins à en faire partie dès leur plus jeune âge, il n'y avait jamais eu de femmes travaillant sur le quai de ma famille ou débarquant d'un des bateaux de pêche, donc cela ne m'avait pas traversé l'esprit ni ne m'intéressait. pourrait ou serait pêcheur. Ayant grandi dans une famille de pêcheurs de la Nouvelle-Angleterre et entouré de pêcheurs toute ma vie (avec les représentations stéréotypées dans les films et les livres), il y a cette idée de qui est un pêcheur, et ce n'est pas entièrement faux. Beaucoup de membres de mon propre équipage peuvent être catégorisés dans cette notion conventionnelle du fumeur et du buveur débraillé qui porte une chemise de travail en flanelle, a la peau patinée et des mains calleuses aussi grosses que des pelles, parle avec « la bouche d'un marin » et a même temps purgé. Ils peuvent être bourrus et brutaux, farouchement indépendants et sont des hommes de travailleurs. Cet archétype de pêcheur, que je me suis rarement vu et que je n'aspirais pas à devenir, est probablement la raison pour laquelle il m'a fallu près de 20 ans pour suivre les traces de mes ancêtres, de mon père et de mon frère.
Aujourd'hui, après près de 25 ans de travail dans l'industrie de la pêche, je me rends compte à quel point j'ai vécu une expérience privilégiée, chanceuse et pour l'essentiel positive dans ce qui est considéré comme un métier dangereux et à prédominance masculine, et ce n'est probablement pas le cas. norme. J'avais un père encourageant et qui me soutenait avec un bateau, une entreprise de pêche établie et un équipage. Mes camarades de bord, dont certains sont devenus mes mentors, avaient entre 50 et 80 ans, et personne d'autre que moi à l'époque ne voulait et ne voulait apprendre à réparer les filets de pêche, alors peut-être qu'ils n'avaient pas le choix. Étant donné qu'il y a encore ceux qui croient que les femmes (et les bananes) portent malheur sur un bateau, j'ai eu la chance que mon capitaine de la vieille école et les membres clés de son équipage historiquement entièrement masculin aient été suffisamment ouverts d'esprit pour emmener une femme à bord et accueille-moi, même avec une certaine affection et protection de grand-père.
Photo de Maaike Bernstrom @maaikephoto
Contrairement à moi, c'est une seconde nature pour ma fille de 14 ans, que j'ai amenée à travailler avec moi depuis qu'elle allaite, et pour ma nièce de 16 ans qui, lorsqu'elle était petite, se tenait debout sur un fourre-tout à poisson. et ramasser du poisson avec son grand-père et moi ou aider son père à retirer le poisson du bateau à la pelle, pour faire ce genre de travail.
Ma nièce, Olivia, déchargeant un bateau chargé de poissons quand elle était petite.
Pour le monde extérieur, cependant, je pense que c'est toujours considéré comme une anomalie qu'une femme fasse ce que nous faisons, et je sais comment cela peut se produire. Dans son livre Lab Girl, Hope Jahren décrit une rencontre que j'ai bien connue : « …un par un, les gens… m'ont évalué de haut en bas, chacun d'eux arborant un look qui m'était très familier. C'était le regard qui disait : « Elle ? Cela ne peut pas être vrai ; il y a une erreur quelque part ici. ... D'après ma propre expérience, le sexisme est quelque chose de très simple : le poids cumulatif du fait de se faire dire constamment qu'il est impossible d'être ce que l'on est. Ce « poids cumulé » vient de l’extérieur de l’industrie mais surtout de l’intérieur. Les forums de pêche commerciale en ligne, majoritairement masculins, ou même la page de pêche commerciale que je gère pour le plaisir (anonymement) me mettent non seulement sur la défensive pour moi-même et pour les autres femmes de l'industrie, mais aussi épuisées par le sentiment que nous devons toujours faire nos preuves, même si notre expérience et nos compétences totalisent plus d'années que la plupart de ces critiques n'ont été en vie. Mais comme l'a souligné un jour un homologue masculin lorsque j'avais été déçu et perturbé par certains des commentaires sexistes et misogynes qui ont émergé, « c'est la meilleure partie ! Ils pensent qu'ils font partie du club des garçons, mais le propriétaire-exploitant est une femme. Ha!"
Ma fille Isley et moi. Photo de Maaike Bernstrom @maaikephoto
Heureusement, ces transgressions ne l’ont jamais diminué pour moi, et la pêche est bien plus que cela. Ce que j'ai gagné, et j'espère que ma fille et ma nièce pourront retenir de leur propre expérience, peu importe ce qu'elles deviendront ou qui elles deviendront, c'est que le monde est lourd et a suffisamment de critiques, et quand tout est pesant et semble trop ou quand leur cœur a été brisé par un poisson de trop dans la mer, qu'ils puissent fermer les yeux, sentir la chaleur du soleil et se souvenir des rythmes de la pêche. Ils auront appris à attendre avec impatience de se lever tôt et à tomber amoureux du lever du soleil ; qu'ils se laissent bercer par la montée et la descente des vagues et se perdent dans l'immensité de la mer ; qu'ils se sentent partie intégrante de l'équipage, s'imprègnent de toutes les histoires marines et font eux-mêmes partie des histoires marines. J'espère qu'ils savent ce que ça fait de travailler si dur, de se sentir si forts, d'être tellement absorbés par ce qu'ils font qu'ils se sentent totalement inconscients. J'espère que lorsqu'ils s'endorment le soir, épuisés, avec des poissons qui dansent dans leur tête, ils se sentent satisfaits et fiers d'eux. Puissent-ils apprendre leurs nœuds, ne jamais oublier leur couteau de poche et toujours lancer comme une fille. Je veux qu’ils se sentent encouragés et soutenus, jamais sous-estimés, ou qu’ils doivent faire leurs preuves auprès de qui que ce soit. Surtout, ils ne se sentent jamais enlisés au point de perdre de vue l'horizon et ces petits coups de pouce beaux et poétiques qui nous soutiennent et nous font revenir pour en savoir plus et se souviennent qu'une marée montante soulève tous les bateaux.
Découvrez comment Corey Forrest, pêcheur de pièges du Rhode Island et membre de la XTRATUF Pro-Team, et sa famille maintiennent la pêche durable en vie.
par Indie Lens